Quel a été votre parcours ?
Tout débute à l’adolescence par des petits boulots de serveurs pour me payer ma mobylette, ma chaine HiFi, etc. Je prends rapidement goût à la richesse des interactions humaines que ces métiers procurent. Progressivement, je comprends aussi que ma vocation n’est pas celle d’un métier mais d’un conglomérat de métiers, tournés vers l’excellence de la performance au service de la satisfaction d’autrui. Je le comprends d’abord en travaillant jeune auprès de ma mère chef d’entreprise de plusieurs magasins sur Paris, mais aussi pendant mes études (BTS à l’école hôtelière de Paris Jean Drouant et MBA in Hospitality Management IMHI (CORNELL/ESSEC) et enfin lors de mes nombreuses premières expériences. Dont, par exemple, celle de gérer un hôtel de 350 chambres la nuit à Londres que j’ai dû faire évacuer deux fois pour cause de détection incendie. A défaut de progressions verticales qui ne sont pas toujours disponibles, les métiers de l’hospitalité offrent une multitude de progressions horizontales. Les riches et diverses expériences professionnelles auxquelles j’ai été confrontées me permettent d’affirmer aujourd’hui que je suis un hôtelier pluridisciplinaire. Les vingt premières années de mon parcours se sont concentrées sur des fonctions de contrôle de gestion, de reporting financier, de chef de projet siège, de directeur d’hébergement d’hôtels d’affaires gros porteurs et d’hôtels de loisirs en phase de transformations significatives (ouvertures, rénovations, restructurations…). Ces dix dernières années, j’ai eu la chance d’intégrer la Direction d’écoles spécialisées en hospitalité (Essec, Ducasse et dorénavant Savignac) et d’y jouer le rôle de chef d’orchestre d’entreprises éducatives au service de l’employabilité future de ses membres.
Que vous ont enseigné vos expériences en hôtellerie, et plus tard dans l’éducation, sur l’orientation à donner à la formation des jeunes ?
Tout d’abord que l’on peut sophistiquer tous les métiers en programmes de formation, mais que la finalité reste la même, à savoir sa propre performance au service des enjeux d’entreprises qui servent eux-mêmes leurs clients. La technicité existe, c’est indéniable. Mais ce qui prime dans le secteur de l’hospitalité, c’est l’envie de faire plaisir en créant les conditions d’expériences uniques et mémorables.
Ce que j’ai appris, c’est qu’un être humain épanoui dans son travail est quelqu’un qui comprend ses appétences et ses compétences pour mieux chercher à se dépasser, au profit d’objectifs qui le dépassent et pour lesquels il va devoir composer intelligemment avec de nombreux autres êtres humains.
Vous aurez compris que pour moi la formation ne peut être que pratique, que ce soit en matière d’intelligence émotionnelle ou de savoirs techniques et intellectuels. Il est par conséquent primordial, pour les jeunes et même pour les profils plus âgés en reconversion, d’être réalistes face à leurs ambitions, enjeux et possibles sacrifices.
Que pensez-vous de la philosophie d’enseignement et du concept de l’Ecole de Savignac ?
La philosophie d’enseignement de l’Ecole de Savignac est reconnue pour être de très grande qualité. Les intervenants et le séquençage pédagogique tout au long des années de formation sont parmi les tous meilleurs programmes nationaux. Le travail sur le développement personnel et la personnalité managériale, engagé dès le début de la scolarité est une vraie singularité. L’Ecole est unique par l’expérience qu’elle propose, autant au niveau du cursus que dans la vie étudiante. Les valeurs d’humilité, d’esprit d’équipe et d’entraide, d’engagement et de dépassement y sont spécialement remarquables.
Le concept de l’Ecole de Savignac, c’est pour moi celui d’un campus village-campagne à taille humaine, avec en prime tous les attributs des meilleurs programmes de management hôtelier. On est pleinement dans le concept du glocal, soit le fait de défendre le local dans un monde global.
Quelles sont vos ambitions de développement (quantitatif et qualitatif) pour l’Ecole de Savignac ?
Le champ du possible en matière de développement pour Savignac est grand, qu’il s’agisse de formation initiale, de formation professionnelle continue, d’apprentissage, d’internationalisation, de digitalisation, de partenariats stratégiques, d’infrastructures, d’entreprenariats, de RSE, … L’Ecole de Savignac est très reconnue dans le secteur de l’hospitalité, elle a tous les caractères d’une marque qui dispose de nombreux atouts pour briller plus encore. Savignac peut et doit grandir, mais sans rien compromettre de la qualité d’enseignement qui permet aux diplômés de Savignac de gagner les compétences de savoir être, de savoir-faire, de savoir-faire faire qui vont leur permettre d’évoluer positivement dans leurs carrières. Le réseau des anciens étudiants le démontre déjà, mais il y a moyen d’aller plus loin. Savignac n’a pas vocation, comme certains, à devenir une école de commerce. Savignac forme et continuera à former des managers opérationnels et fonctionnels, affutés aux enjeux managériaux des métiers de services, et dotés de tous les savoirs qui sont autant d’outils concrets.
La nouvelle génération d’étudiants est très connectée. Comptez-vous prendre en compte ces nouvelles tendances dans la stratégie d’enseignement de l’Ecole ?
Absolument. Dans un monde post Covid, on ne peut plus ignorer l’apprentissage digitalisé, qu’il soit pleinement ou partiellement hybridé, synchrone ou asynchrone. La méthode pédagogique doit être adaptée selon les matières, les objectifs et l’usage. Le distanciel à outrance pendant la Covid a provoqué un taux de décrochage très important dans l’enseignement supérieur. Toutes les technologies sont des outils complémentaires au présentiel et au service d’une qualité de transmission, mais selon moi rien ne remplacera l’efficacité de l’interaction directe d’un professeur avec sa classe.